Il m'est arrivé souvent d'assister, très amusé, à ce débat entre mes collègues et compatriotes de langue Punu. Une petite guéguerre entre les ressortissants de la ville de Moabi, et tous les autres, dispersés à travers le territoire national. Oh! rien de bien méchant. Sauf que les premiers mentionnés soutiennent mordicus que leur Punu est plus... authentique! Plus conforme donc au parler original. Le plus pur...
Et un des arguments avancés est que leur zone est celle qui renferme la plus forte concentration HOMOGENE de Punu...
Le débat continuera sans doute...!
Si l'on transpose ce débat au niveau des variantes Beti/fang, voici ce que j'en dirais:
Une logique voudrait, par rapport aux récits couramment faits de nos origines, que la branche située le plus au nord-est soit la détentrice de la palme d'authenticité. Les Bulu donc!
Une autre logique voudrait que les premiers partis, qui seraient descendus plus au sud, aient pu conserver plus de choses de leurs origines. Les Mekè donc!
Une troisième logique déduit que la branche la plus centrale, celle qui n'a pas de contact direct avec d'autres ethnies, soit celle qui conserve le parler le plus pur. Les Ntumu et les Mvaï donc!
Je pense néanmoins que le débat ne peut être tranché aussi nettement. Les choses étant plus complexes. Mon avis est que chaque branche a pu, de ses origines, conserver une chose ou une autre. Au gré de ses migrations particulières.
J'aime à ce propos mentionner un nom: Elibiyòh que l'on retrouve du nord au sud du "fang-land". Et qui signifie "Arbre-à-épines".
Or, en ntumu, arbre se dit "élé".
Le Ntumu donc, en prononçant élibiyòh reconnaît par là que sur ce point précis, l'authentique est au sud.
Comme il peut aussi être au nord sur un autre cas précis...
Mi tah de ya?