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  L’ HERBE NE SOIGNE PAS LA VIOLENCE, Ce que J’ai vu à GOMA (Nord KIVU) ! SOPROPO/COJESKI/SAVE du 3 au 31 Mai 2010. Fabienne NGOUNGOU Tradipraticienne (Libreville-Gabon) SOMMAIRE I- LA PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL

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meboka meboka




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Date d'inscription : 23/01/2011

    L’ HERBE NE SOIGNE PAS LA VIOLENCE, Ce que J’ai vu à GOMA (Nord KIVU) ! SOPROPO/COJESKI/SAVE du 3 au 31 Mai 2010. Fabienne NGOUNGOU Tradipraticienne (Libreville-Gabon)     SOMMAIRE   I- LA  PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL  Empty
MessageSujet: L’ HERBE NE SOIGNE PAS LA VIOLENCE, Ce que J’ai vu à GOMA (Nord KIVU) ! SOPROPO/COJESKI/SAVE du 3 au 31 Mai 2010. Fabienne NGOUNGOU Tradipraticienne (Libreville-Gabon) SOMMAIRE I- LA PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL        L’ HERBE NE SOIGNE PAS LA VIOLENCE, Ce que J’ai vu à GOMA (Nord KIVU) ! SOPROPO/COJESKI/SAVE du 3 au 31 Mai 2010. Fabienne NGOUNGOU Tradipraticienne (Libreville-Gabon)     SOMMAIRE   I- LA  PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL  EmptyDim 23 Jan - 13:45

I- LA PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL AU GABON

1-1 : Une présence marquée des Tradi-praticiens face à la faiblesse du système de santé.

Dans nos villages (voire même dans nos villes importantes) d’Afrique Subsaharienne, une personne sur deux meurt encore chaque jour, sans avoir la chance de se faire consulter par un médecan.

Lorsque d arenture un malada parvient à un dispensaire, ne à un centre hospitalier, non seulement, malheupeusement il succombe à cause de la fatigue du lolg voyage qui mhne vers ces structures de soinq, (au Gabon, le centre de soins le plus proche se situe dans chaque chef lieu de département et à 50 Kms d’un village situé à la frontière d‘un autre département) mais aussi parce que ces structures sont parfois incapables d’administrer les premiers soins, faute de médicaments.

Le malade, le plus souvent démuni, se trouve parfois dans le désarroi, lorsque après une consultation, le médecin lui remet une ordonnance dont le coût est hors de portée.

En outre, la question se pose même sur l’existence de la pharmacie en milieu rural. Dans nos grandes villes, non seulement ce type de structures existe en nombre limité, mais elles sont aussi régulièrement confrontées aux difficultés de fonctionnement liées aux problèmes de gestion, de rupture de stocks etc.

La nature a fait en sorte que dans nos villages, certains individus aient le «don », le « pouvoir » de soulager la douleur, voir même de guérir certaines maladies.

Dans nos sociétés traditionnelles, où la notion de médecine était encore étrangère, le guérisseur du village ou de la contrée assurait la mission de soins. Une morsure de serpent, une fièvre, les maux de tête, la grippe, l’indigestion sont rapidement soulagés par l’ingurgitation d’une potion.

Cette société qui était organisée, admettait bien évidement que la mission de soins le soit aussi. C’est ainsi que l’on retrouvait dans la contrée un guérisseur spécialisé sur le traitement des maladies liées aux femmes, des guérisseurs qui s’occupent des jeunes enfants, des hommes, les maladies de la tête, l’estomac, le cœur, etc.
Au-delà de cette spécialisation, on peut même tenter une typologie des guérisseurs dans le tableau suivant.

Catégorie de guérisseur Caractéristiques
Guérisseur simple Traite avec les herbes et les écorces
Voyant Consulte mais ne traite pas
Guérisseur-voyant Traite après consultation
Guérisseur-voyant-initiateur Traite, consulte et initie à l’IBOGA.*

* iboga : c’est le bois sacré, qui sert à l’initiation.
Ces différentes catégories de guérisseurs participent à l’action sanitaire, en dépit de certains comportements blâmables que l’on pourrait imputer aux uns et aux autres.

La médecine moderne a permis le traitement rapide de certaines pathologies que le guérisseur ne peut prendre en charge à cause de ses méthodes d’investigation limitées à l’examen clinique, ne lui permettant pas d’explorer le corps humain.

La pratique médicale aujourd’hui fait de plus en plus appel à des techniques et à des technologies de pointe. Face à un patient présentant un état pathologique, le médecin devra formuler un diagnostic, c’est-à-dire déterminer la nature de la maladie dont souffre son patient.

Ce diagnostic est établi par analogie avec d’autres maladies connues dont les signes et les symptômes sont comparables sinon semblables à ceux présentés par le malade. Pour établir et confirmer son diagnostic, le médecin dispose de diverses méthodes d’investigation : l’examen clinique, les examens de laboratoire et les explorations.

Malgré l’avènement de cette médicine moderne (que les populations réclament encore dans nos villages et qui reste inaccessible en ville à certaines couches sociales), le guérisseur traditionnel est toujours sollicité pour soulager la souffrance, pour administrer les premiers soins.

A l’instar de ce qui se passe dans les pays développés où chaque famille a son médecin et son avocat, dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, les familles ont leur guérisseur. Il joue un double rôle, celui du médecin qui traite le patient et celui du psychologue qui rassure, met le malade et la famille en confiance. Il est à l’écoute. Il conseille, oriente ceux qui viennent le consulter.

Il se pose aujourd’hui un problème, celui de la reconnaissance du travail fait par les guérisseurs, trop souvent traités de « sorcier » lorsque les soins administrés n’ont pas eu d’effet ou que le patient ait succombé dans un temple au cours d’une cérémonie, ou même dans la demeure du Guérisseur simple.

2- Vers une reconnaissance du Travail des Tradipraticiens ?

Il est inutile de décrire ici la situation sanitaire de nos pays et par là même le fonctionnement de nos structures de soins. Ce n’est pas l’objet de ce papier. Je voudrais simplement revenir sur certaines revendications qui ont déjà été formulées par les regroupements de soigneurs traditionnels, ce qui est convenu d’appeler « tradipraticiens » ou « thérapeutes ».

Malgré les méthodes d’investigation de la médecine moderne que j’ai décrites plus haut, chaque minute, dans nos hôpitaux, une personne cesse de vivre parce que la médecine moderne ne peut plus rien faire, les soins ne sont pas assurés, les équipements ne répondent pas, le personnel n’est pas en nombre suffisant etc.

Chaque jour un patient perd la vie parce que le traitement n’est pas adapté, le diagnostic est faussé, le personnel a été négligeant, en gros à cause d’une erreur médicale.
Le droit peut examiner ces différents cas lorsqu’ils sont portés devant les tribunaux, tout en admettant que le médecin et le personnel de soins ne sont pas formés pour donner la mort. Leur travail consiste à préserver la vie, la sauver quand cela est encore possible. Tout en reconnaissant aussi que l’erreur est humaine.

Le guérisseur lorsqu’il assurait seul cette mission de santé, cherchait à préserver la vie. Aujourd’hui encore, c’est le cas. Les pratiques médicales héritées de nos traditions constituent (et encore pour longtemps) une ressource complémentaire à notre système de soins.

Il peut arriver malheureusement que le guérisseur se trompe aussi. Il faut remarquer que le guérisseur, contrairement à un médecin qui utilise les herbes dans sa thérapie, n’a pas les moyens de mesurer le degré de toxicité d’une herbe, d’une écorse. Le dosage d’une potion peut être excessif, un mauvais diagnostic peut être fatal au regard des méthodes d‘investigation qu‘il utilise.

Puis, le plus souvent, le guérisseur accueille les personnes en fin de vie dont la médecine moderne n’a pu traiter.

Cependant, un décès survenu chez le guérisseur fait l’objet de souffrance pour celui là qui voulait soulager la douleur. J’entends par là que la loi ne reconnait pas encore le travail du guérisseur.

Dans les pays développés tel que la France, l’exercice de la médecine traditionnelle est réservé au médecin, seul habileté à examiner un patient, à administrer un traitement.

En Afrique, le problème se pose différemment. Le patient s’oriente chez le guérisseur pour des raisons diverses : la tradition, absence de structure de soins, moyens financiers limités, désespoir face à l’incapacité de la médecine moderne à traiter la maladie…

A côté de ces aspects, Il convient de souligner que être guérisseur c’est d’abord avoir le « don » de soigner. Ensuite, ce « don » peut être transmis à la progéniture mais pas de façon systématique. Tout un chacun n’est pas prédisposé à devenir guérisseur.

La médecine accentue la recherche sur les pratiques des guérisseurs, notamment sur les herbes et les arbres utilisés pour traiter telle ou telle autre pathologie. Mais c’est l’association guérisseur-chercheur qui peut apporter des résultats crédibles et riches.

Par exemple, un médecin qui n’a pas l’habitude de cette pratique ne saura jamais que pour traiter un enfant de huit ans qui a subi des violences sexuelles, il suffit d’appliquer le cœur de la banane Plantin en décomposition (M’boolo) que l’on aurait réchauffer dans un paquet à feu doux sur l’organe génitale de la petite fille, pour éliminer les microbes et panser les blessures afin de ramener le corps à l’état initial.

Ce n’est qu’après avoir obtenu cette information, qu’il commencera à étudier ce traitement pour le rendre éventuellement moderne.

S’il est possible à la médecine moderne de s’approprier des traitements que les « guérisseurs simples » utilisent pour une pathologie, la principale question est de savoir comment s’approprier des visions, des pratiques initiatiques…qui sont aussi des méthodes d’investigation susceptibles de contribuer aux diagnostic en milieu hospitalier.

Par exemple, la médecine moderne traite le «fusil nocturne » seulement lorsque la douleur qu’il provoque laisse des lésions visibles au microscope. Or c’est l’étape final de la maladie. Ces lésions se transforment en cancer. Seul un guérisseur peut reconnaitre les symptôme d’une telle maladie.

Au regard de tout ce qui précède, les tradipraticiens gabonais ont sollicité de la part des pouvoirs publics, l’institutionnalisation de la médecine traditionnelle, lors de la sixième édition de la journée africaine de la médecine traditionnelle. Les textes devraient évoluer vers la certification des différentes pratiques.



II- LE TRADI-PRATICIEN NE TRAITE PAS LA VIOLENCE

2-1 : Le viol est une notion inconnue dans nos traditions…

Le « viol », ce mot qui n’a pas d’équivalent dans ma langue maternelle FANG, (ethnie majoritaire au Gabon) est une arme qui dévaste les populations fragilisées dans les zones en conflit armé.

Le mot « viol » n’existe pas dans notre vocabulaire, du fait que c’est un acte rare, difficilement décelable dans nos traditions.

Dans la langue FANG on fait allusion au « viol », lorsque les parents ont eu des rapports sexuels avant que le nouveau né n’ait pas atteint un certains nombre de mois. Cela se manifeste par des symptômes que les guérisseurs détectent facilement. L’enfant fait de la diarrhée, refuse les seins, fait de la fièvre etc.

On parle aussi de « viol » lorsqu’un adulte entretient un rapport sexuel avec un enfant de moins de 15 ans et que celui-ci tombe malade.

Le viol qui consiste à prendre de force une femme ou un enfant est un phénomène nouveau dans nos sociétés.

Dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne telle que GOMA au Nord KIVOU en RDC, Les femmes et les enfants sont à la merci des factions qui se battent pour des objectifs souvent inconnus des victimes.

Pour assouvir leur désir sexuel, les hommes en armes prennent de force les femmes et des enfants. Ces actes sont accompagnés de violence sur les victimes.

Dans nos grandes villes, la presse fait également écho (dans la rubrique fait divers) des violences sexuelles dont les jeunes filles sont victimes, entrainant parfois la mort.
La violence qui précède ces actes abominables est difficilement acceptable dans un monde où chacun aspire à un mieux être.

Comment soutenir les victimes de ces violences? comment rétablir la dignité bafouée? les familles détruites, la santé entamée? Que peut faire le guérisseur face à ce type de phénomène ?


2-2 : …m ais dont les séquelles peuvent être soulagés par un guérisseur

Je consulte chaque jour dans mon temple « EWOUMA-MEZIMA-TINANGA ». Les cas qui me parviennent, sont liés souvent à la maladie.

Une femme victime d’un viol aura du mal à se livrer à un inconnu notamment si celui-ci n’est pas accompagné de violence.

Une épouse qualifierait difficilement les relations que son mari aurait eu avec elle sans son consentement de viol. Si cela était le cas, néanmoins, elle n’en ferait pas état, au risque d’être répudiée. « les problèmes conjugaux se traitent dans la chambre » dit-on. C’est pourquoi, il est difficile d’évoquer cette question dans le cadre de la médecine traditionnelle.

Cependant, lorsqu’une victime se présente au temple pour soumettre un cas de viol, le « guérisseur voyant » va l’examiner pour comprendre pourquoi ce phénomène s‘est abattu sur le patient.

J‘insisterais ici sur le viol qui est le fait d‘une relation extra conjugale, souvent accompagné de violence. Cela ne signifie nullement que je méconnais les violences subis par les femmes dans leurs couples à cause des rapports non souhaités.

Je voudrais montrer que le guérisseur « NGANGA » peut prévenir ou même prédire à un patient qu’il sera victime d’une violence provenant d’un inconnu.

Ce type de violence peut être lié à un mauvais sort. Dans ce cas « les bains » permettraient à la personne d’éviter cette agression.

La consultation permet ainsi d’orienter la thérapie. Si le viol est du fait d’un délinquant, le guérisseur après avoir déterminé la cause du viol, va prescrire un traitement.
- Echüa (bain) : il s’agit d’une association d’herbes et d’écorces que le guérisseur va utiliser pour purifier la victime.
- Assöck (Lavement ou purge) : il s’agit d’une association d’herbes et d’écorces que le guérisseur va utiliser neutraliser les microbes et de traiter éventuellement les blessures. Ce traitement raffermit la femme.
- La prise en charge psychologique : il s’agit à ce stade de dédramatiser l’acte subi. Le guérisseur amène progressivement la victime à accepter ce qui lui est arrivé, à considérer que c’est un accident qui peut survenir à tous, et que cela ne doit pas entraver sa vie.

A GOMA au nord KIVU, les cas relevés dans les camps correspondaient aux situations de viol avec violence commis par des brigands. Les victimes ont peur.

Il faut tout même relever la situation particulière du Nord KIVU. Le contexte conflictuel dans cette région du Congo, fait que certaines factions transgressent délibérément les lois. Certains individus en position de force, abusent de leur pouvoir pour se procurer de tout ce dont-ils ont besoin.

J’ai pu constater que le harcèlement sexuel était récurrent. D’après certains témoignages, les viols sont fréquents, en milieux scolaire, universitaire et professionnel.

La femme congolaise, dans cette région, serait traitée comme une « bête » et pourtant, la loi congolaise dispose que quiconque aura adopté un comportement portant atteinte à autrui (viol, harcèlement) sera puni de servitudes pénales de 12 ans avec amende (article 174 (d) loi congolaise N° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 Janvier 1940)

Une victime en larme de s‘exploser : « ce diable nous poursuit même dans les églises ».

L’intervention du guérisseur dans ce genre de situation se situe à deux niveaux.

- Psychologique : il s’agit de rassurer le patient. Un travail « sur soi » est fait afin d’amener le patient à considérer que la violence subie, est un accident de la vie mais qui ne doit pas enlever le goût de vivre. Ce type de violence peut avoir un lien avec les origines des victimes.

Pourquoi la communauté vit - elle une telle violence ? Les ancêtres ne sont-ils pas en colère par rapport à la transgression des règles traditionnelles ?

Autant de questions qui pourraient amener la victime à faire un travail sur soi.

- Médicale : il s’agit à ce niveau de traiter les victimes à l’aide des différents traitements disponibles ( échüa, assöck etc. le but visé étant de purifier le corps).

Dans le cas précis, j’ai demandé à mes collègues Tradipraticiens de la région et les chefs coutumiers appelés « MWAMI » d’intercéder aux prêts des ancêtres afin d’éradiquer ce phénomène qui peut provenir que de la malédiction.

La femme congolaise se tait devant ce drame, non par ignorance de la loi, mais par peur des représailles. Malheureusement, tous ces enfants qui naissent dans ses viols et harcèlement sont à leur tour victime de traumatismes. les conséquences ne sont pas négligeables.
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L’ HERBE NE SOIGNE PAS LA VIOLENCE, Ce que J’ai vu à GOMA (Nord KIVU) ! SOPROPO/COJESKI/SAVE du 3 au 31 Mai 2010. Fabienne NGOUNGOU Tradipraticienne (Libreville-Gabon) SOMMAIRE I- LA PLACE DES TRADIPRATICIENS DANS L’ENVIRONNEMENT MEDICO-SOCIAL
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